La création des "opérations combinées "
Le Premier Ministre britannique, Winston Churchill, restait convaincu que le seul moyen de battre les Allemands était de porter la guerre en territoire français.
Pour mener à bien sa mission, trois points sont fixés : dans un premier temps, afin de permettre toute organisation militaire à partir de l'Angleterre, il faut écarter définitivement la menace d'une invasion allemande sur le sol Anglais.
Dans un deuxième temps, il faut entraîner et équiper une nouvelle armée Anglaise, extrêmement affaiblie par le début du conflit ; Dans un troisième temps, il faut à tous prix tirer profit de l'extraordinaire pouvoir industriel et économique des Etats-Unis d'Amérique.
En 1939, au commencement de la Seconde Guerre Mondiale pour la France et l'Angleterre, aucune armée n'a l'expérience d'opérations amphibies ; les troupes ne sont pas dotées d'engins amphibies et ne réalisent pas véritablement l'enjeu stratégique d'un débarquement.
Winston Churchill créé un organisme baptisé "Opérations Combinées", dans le but d'effectuer des assauts de faible importance matériel : des raids qui frappent rapidement et directement à un points sensible.
Le Premier Ministre Britannique souhaite voir la création des premières unités d'assaut spécialisées (que l'on appelle couramment de nos jours des "commandos") opérationnels dés le mois de juillet 1940. Le premier fait d'armes de cette unité se déroule sur l'île de Guernesey.
C'est en octobre 1941 que Winston Churchill nomme le jeune capitaine Lord Moutbatten à la tête du nouvel organisme "Opérations Combinées" avec les consignes suivantes : "Vous devez préparer l'invasion de l'Europe car, à moins de porter le combat contre Hitler sur terre, nous ne gagnerons jamais cette guerre".
Conférence de Téhéran
Les Russes, affrontant un ennemi féroce sur leur territoire, demandent de l'aide de toute urgence aux pays Alliés : les Américains, qui entrent en guerre au lendemain de l'attaque Japonaise sur l'île de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, leur envoient du matériel lourd (char, avions) et léger (armes, munitions, carburant) mais cela ne suffit pas.
Après le tournant de la Bataille de Stalingrad en 1942, l'Armée Rouge reconquiert le territoire perdu lors des combats précédents. Pourtant, le conflit reste extrêmement difficiles pour les troupes soviétiques : Staline demande aux dirigeants Alliés de se réunir afin que des décisions capitales dans le domaine militaire soient prises.
Ainsi, et pour la première fois, les trois principaux dirigeants des pays Alliés (Roosevelt pour les Etats-Unis, Churchill pour la Grande-Bretagne et Staline pour l'Union Soviétique) se réunissent afin de prendre des décisions militaires communes contre les forces de l'Axe. Le lieu de cette réunion est situé à Téhéran, l'actuelle capitale d'Iran
La rencontre débute le 28 novembre 1943 et prend fin le 1er décembre. Les chefs politiques décident notamment, à la demande de Staline, de préparer une vaste offensive permettant d'ouvrir un second front sur le continent Européen, mais cette-fois à l'Ouest. Churchill propose alors une attaque par la Méditerranée, frappant ainsi le "ventre mou" de l'Europe.
La conférence de Téhéran se termine sans qu'aucun véritable accords ne soit signé, mais les Américains suggèrent la création une opération, baptisée "Jubilee". Il s'agit d'un débarquement amphibie près de la ville de Calais dans le Pas-de-Calais au cours de l'été 1942.
Mais il faut impérativement venir en aide aux Soviétiques en ouvrant un second front à l'Ouest de l'Europe, ce qui accélère le travail des militaires Alliés travaillant aux "Opérations Combinées". Une chose est certaine, l'assaut se fera à partir de l'Angleterre, pour des raisons logistiques. Il faut à présent désigner le point du débarquement. Où débarquer ?
Les côtes de l'Atlantiques sont trop éloignées et de plus, les sous-marins allemands, les célèbres U-Boot, y font la loi. Il en est de même pour les côtes de Bretagne, tandis que le courant à proximité des plages belges est bien trop fort et risquerait de détruire un grand nombre d'embarcations ce qui représente un risque inutile. Quant aux plages de Hollande, les terres derrières les plages sont innondées et ne facilitent pas le débarquement de matériel à grande échelle.
Le raid sur Dieppe en août 1942 est confié à la 2ème division Canadienne, appuyée par les nouveaux tanks Churchill de 40 tonnes, qui doivent débarquer juste devant l'objectif, pendant que les commandos attaqueront sur les flancs pour neutraliser les batteries côtières installées sur les falaises. Mais la Royal Navy ne voulant pas risquer ses grosses unités dans les eaux étroites de la Manche, l'assaut n'est précédé d'aucune préparation d'artillerie de marine.
Ainsi, dés que les Canadiens mettent le pied sur le sol français, ils sont accrochés sur la plage exposée aux tirs et seuls quelques-uns parviennent à franchir la digue de béton et à s'infiltrer en ville.
Des renforts qui devaient être envoyé au combat, ne l'ont pas été car les Alliés ont simplement "testé" le Mur de l'Atlantique. Les mouvements ennemis ont été observés, chronométrés et analysés afin de préparer un assaut de plus grande envergure plus tard.
Les soldats Canadiens et Britanniques, qui se sont battus courageusement, qui sont morts au combat, qui ont été blessés, fait prisonniers ou disparus ont été sacrifiés pour permettre aux Alliés de recueillir des enseignements pour un futur débarquement de plus grande envergure.
COSSAC
Pour monter l'opération qui doit ouvrir un nouveau front à l'Ouest de l'Europe, les Alliés souhaitent voir la création d'une organisation réunissant le plus grand nombre de professionnels des opérations combinées.
C'est ainsi que le COSSAC voit le jour. Il s'agit du "Chief of Staff to the Supreme Allied Commander", une organisation militaire représentée en la personne de Frederick Morgan.
Les missions du COSSAC sont les suivantes : choisir le lieu exact de débarquement, collecter un maximum de renseignements à partir des opérations amphibies combinées déjà menées (opérations en Afrique du Nord : "Sledghammer" et "Torch", ainsi qu'à Dieppe : "Jubilee"), et enfin palier aux problèmes de transport de troupes.
Choix de la Normandie
Le COSSAC doit tout d'abord définir le lieu d'invasion à l'Ouest de l'Europe. Les avis sont très partagés au sein des militaires alliés. La décision se porte finalement sur les côtes du Nord de la France, en Normandie, à proximité immédiate de l'Angleterre. Cette stratégie est présentée en août 1943 lors de la Conférence de Québec : la Normandie est le point de départ de l'invasion alliée à l'Ouest de l'Europe.
Voici les raisons : les côtes bretonnes sont trop éloignées de l'Angleterre pour être abordées, les terres en Hollande sont inondées et ne permettent pas la mise en place d'une tête de pont solide, les courants des côtes belges sont très forts et donc dangereux, et surtout les Allemands attendent les Alliés dans le Pas-de-Calais car le bras de mer entre l'Angleterre et la France est, à cet endroit, le plus réduit.
Les plages normandes sont en grande majorité des plages sableuses. On y trouve également des galets. La composition des plages normandes est relativement proche de celles de l'Ouest de l'Angleterre. Ainsi, les soldats peuvent s'entraîner outre-Manche et l'on peut même tester la résistance des chars en manoeuvre sur ce type particulier de sable.
L'Angleterre comme base militaire
Pour réaliser l'Opération Overlord alors en préparation, les généraux alliés s'accordent sur la nécessité d'une concentration de troupes en Grande-Bretagne en prévision d'une invasion de plus grande envergure de la France, opération surnommée "Round-up" (Rassemblement).
Dans un premier temps, dans le cadre de la préparation de l'invasion, les armées alliées doivent s'équiper, se former, s'entraîner, pour mener à bien des missions diverses et précises. Les troupes américaines et canadiennes profitent des installations militaires sur leur sol, mais il faut déjà penser à l'acheminement du matériel et des hommes en Angleterre, base de lancement pour l'attaque en Normandie.
A partir de la fin 1942, les premiers navires de transports quittent le continent Nord-américain et gagnent la Grande-Bretagne. Une lutte intense anti-sous-marine commence dans l'Atlantique entre les navires de surface alliés et les sous-marins U-Boot allemands.
Mais à partir de 1943, la bataille semble gagnée par les Anglos-Américains qui coulent de plus en plus de bâtiments appartenant aux forces de l'Axe, alors que les officiers mariniers allemands détruisent de moins en moins de convois alliés.
Une fois débarqués en Angleterre, les soldats alliés sont installés à divers endroits du pays, tandis que le matériel (char, véhicules de transport, canons...) est stocké dans des bases tenues soigneusement secrètes.
Dans le cadre des préparatifs du Jour-J, le programme économique du prêt-bail bat son plein, et les Américains livrent des centaines de véhicules, des bâtiments de guerre, et de l'armement individuel aux Britanniques, en l'échange de l'utilisation de terres occupées jusqu'alors par les troupes du Commonwealth. Le parc militaire britannique s'agrandit, tandis que les industries de l'armement situées aux Etats-Unis fonctionnent à plein régime
Le travail des avions de reconnaissance alliés est considérable : les photographies prises par ces derniers apportent des renseignements importants aux stratèges anglos-américains, qui organisent en conséquence les entraînements des forces alliées. De nombreux pilotes d'avions parachuteurs et de planeurs sont formés, très souvent des exercices amphibies sont organisés, et des parachutages par tous les temps sont effectués au-dessus de l'Angleterre.
Les troupes alliées sont entraînées sans arrêt et leur moral est au beau fixe. Les bâtiments de guerre et de transport sont de plus en plus nombreux dans les ports britanniques et les raids aériens augmentent en intensité sur les côtes du Nord-Ouest de la France. En effet, le rivage Français situé entre La Pallice au Sud et Dunkerque au Nord est constamment bombardé à partir de janvier 1944, et la fréquence de ces raids augmentera considérablement à partir de mai 1944.
Ce gigantesque rassemblement de troupes, de véhicules et de navires en Angleterre ne passe pas inaperçu et les Alliés le savent très bien. Les Allemands, qui comprennent rapidement qu'une vaste opération amphibie est en préparation, décident d'augmenter les effectifs des agents de renseignement positionnés en Angleterre.
Les Alliés, qui s'attendaient à ce genre de situation, ont préparé l'Opération Fortitude, chargée de désinformer les services de renseignement allemands. Ainsi, une véritable "armée fantôme" va voir le jour en Angleterre, dotée de véhicules blindés gonflables et de canons en bois. Ces unités factices sont positionnées en masse en face du Pas-de-Calais, dans la région de Douvres. Les avions de reconnaissance allemands vont observer et photographier cette armée de leurres en pensant qu'il s'agit d'unités aux ordres du redouté général Patton, fin prêtes à débarquer dans le Pas-de-Calais.
Aussitôt, la XVème armée allemande, stationnée dans le Pas-de-Calais, est mise en alerte. Les Alliés sont désormais passés maîtres dans le domaine du renseignement et protègent ainsi parfaitement le bon déroulement des préparatifs du Débarquement de Normandie : le succès de l'Opération Fortitude est total.
Résistance Française
Pour que ce débarquement en Normandie soit une réussite complète, les Alliés demandent aux réseaux de la Résistance française de participer à la préparation de cette opération qui porte désormais le nom d'Opération Overlord.
Les alertes sont envoyées aux résistants par l'intermédiaire de la radio : la BBC, lors de son émission Française, émettait des messages codés qui avaient tous leur signification et leurs destinataires. Ainsi, cinq jours avant le 6 juin 1944, Jour J, les auditeurs de l'émission Française de la BBC peuvent entendre les trois premiers vers du poème "Chant d'Automne" de Verlaine ("Les sanglots longs - Des Violons - De l'automne...").
La signification de ce message est la suivante : le débarquement aura lieu au cours de cette semaine et une fois les trois prochains vers de ce poème émis ("Blessent mon coeur - D'une langueur - Monotone..."), l'offensive commencera dans les 48 heures. Ces messages, très nombreux, annoncent le début d'opérations de sabotage : les résistants détruisent alors des chemins de fer, des lignes téléphoniques et installent des mines antichars sur les routes. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, près de 1000 actions de sabotage seront effectuées par la Résistance française.
L'organisation Todt
Une fois la France envahie, les forces allemandes se sont concentrées sur le front Est, face aux Russes, laissant quelques dizaines de divisions en stationnement sur les côtes à l'Ouest. Cependant, les officiers allemands s'attendent à un débarquement justement à l'Ouest qui viendrait attirer les divisions de l'Est pour désengager le front Russe.
Pour prévenir tout débarquement, les Allemands font appel à l'Organisation Todt, une entreprise militaire spécialisée dans les constructions à vocation militaires, comme des casemates, des routes empruntées par des blindées, etc. Et dés 1941, des travaux commencent face à l'Angleterre, une fois la tentative d'invasion allemande d'Hitler annulée. Des fortifications en béton armé sont construites de la Norvège au Pays-Basque Espagnol et en Méditerranée, accompagnées de champs de mines, de milliers de kilomètres de barbelés, de nids de mitrailleuses et de lance-flammes, de défenses de plages, de fossés anti-chars...
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Défenses de plages sur les côtes normandes (photo prise d'un appareil de reconnaissance Allié). |
Cette fortification, très vite appellée le "Mur de l'Atlantique", se renforce dans des zones "sensibles", face à l'Angleterre par exemple, au Pas-de-Calais, où un débarquement est plus que probable selon les généraux allemands. Des batteries côtières armées de canons de fort calibre sont construites à des endroits clés des côtes, pour protéger un port ou un estuaire.
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Un canon allemand de fort calibre pointé vers le large. |
En août 1942, les Alliés organisent un raid "test" à Dieppe qui échoue, face aux fortifications allemandes, fautes de renforts. Les officiers de l'Etat-Major allemand prennent conscience du risque majeur de dégarnir les côtes du Nord-Ouest de l'Europe : ils font stationner la XVème Armée dans le Pas-de-Calais, forte de 150000 hommes.
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Les "Asperges de Rommel", poutres de bois devant éventrer les engins de débarquement. |
Le Général Rommel
Depuis janvier 1944, Rommel (surnommé " le renard du désert " en raison de ses victoires en Afrique du Nord) est nerveux. Sous les ordres de von Rundstedt, il est responsable d'un secteur difficile : la côte normande, face aux côtes de l'Angleterre.
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Un guetteur allemand regarde avec ses jumelles vers le large.
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Il estime que le dispositif de défense de son secteur n'est pas suffisant : il décide alors de faire innonder les prairies pour empêcher l'arrivée de parachutistes, il fait planter des pieux le plus souvent minés sur les plages de Normandie, destinés à prévenir l'atterrissage de planeurs (on retrouve ce même dispositif à l'intérieur des terres) et l'accostage de péniches de débarquement. Son expérience des combats d'Afrique du Nord lui est bénéfique et il sait que si les Alliés parviennent à débarquer sur les côtes contrôlées par les Allemands, il n'est pas pensable de pouvoir les rejeter à la mer plus tard.
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Tobrouk allemand armé de deux mitrailleuses MG 42. |
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Un pieu miné, destiné à empêcher tout débarquement aérien ou naval. |
Ainsi les travaux se multiplient principalement sur les côtes de la France du Nord et jusqu'en Hollande. Mais l'Allemagne est encore en guerre en Russie et en Italie : ces deux fronts demandent une très importante quantité de matières premières et de matériel militaire divers.
L'organisation Todt lance plusieurs opérations de ratissage dans toute l'Europe pour récupérer le maximum de matériel qui peut lui être utile lors de la confection de ce gigantesque "Mur de l'Atlantique".
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Défenses de plages dénommées "Hérissons Tchèques". Leur rôle est de détruire les engins de débarquement. |
En Normandie, et comme ailleurs, les Allemands ont construit des batteries d'artillerie côtière puissamment armées et protégées par des points d'appui. Entre Barfleur et Le Havre, on dénombre pas moins de six batteries : celles de Merville, de Longues-sur-Mer, de la Pointe du Hoc, de Maisy, d'Azeville et de Saint-Marcouf. Elles sont capables de tirer jusqu'à 30 kilomètres et inquiètent fortement les Alliés.
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Un blockhaus allemand camouflé en maison Normande pour tromper les aviateurs Alliés. |
Des yeux et des oreilles
Le Mur de l'Atlantique n'est pas seulement composé de blockaus et de champs de mines. De très nombreuses stations radar sont placées sur tout le littoral de la Norvège à l'Espagne, ainsi que des stations d'écoute. On peut trouver, entre Cherbourg, Vire et Le Havre : 1 radar d'identification, 2 radars de type "Freya" 5 radars de veille côtière à longue portée, 7 radars de veille côtière et 14 radars géants de type "Wurzburg". Souvent, ces radars sont couplés à de redoutables canons antiaériens, le plus souvant des canons de 88.
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Réseau de tranchées menant au bunker de combat au-dessus de la plage. |
Pour contre-attaquer en cas de débarquement en Normandie, les forces militaires allemandes disposent de trois divisions blindées et un régiment de parachutiste, en plus des divisions d'infanterie classiques disposées le long du littoral. Ces dernières sont en général composées d'unités retirées du front Est et placées en Normandie pour que les soldats qui les composent puissent se reposer.
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Un canon allemand de 50 mm monté sur tobrouk à proximité du point d'appui de la Batterie de Merville. |
Ces allemands qui sont en Normandie vivent au rythme des bombardements Alliés qui, régulièrement, touchent des objectifs côtiers et leur rappelle que la guerre n'est pas terminée. Il semble pourtant clair que les Alliés vont tenter d'ouvrir un front à l'Ouest. Mais où et quand ?
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Préparations de l'Opération Neptune
Les officiers de la Marine Alliée reçoivent, le 10 avril 1944, la confirmation d'un débarquement au Nord de la France et plus précisemment sur les côtes de Basse-Normandie. Cette opération, nom de code Neptune, sera supervisée par le commandant en chef de la flotte Alliée : l'Amiral Bertram Ramsay.
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Une partie de l'armada Alliée dans un des ports de l'Angleterre. |
Dans un premier temps, quatre secteurs de plages sont choisis, situés en les rivières Rives et Ornes dans la région Calvados et désignés par un nom de code spécifique : Omaha, secteur américain, Gold, Juno et Sword, secteurs Anglo-franco-canadiens.
Mais très rapidement, le Général Anglais Bernard Montgomery informe le Haut-Commandemant Allié que la capture de Cherbourg est une prioritée pour le bon déroulement de cette opération, sachant qu'il est le port en eau profonde le plus proche de ces quatre plages d'invasion. Il souhaite voir la création d'une cinquième plage de débarquement, située à l'Ouest d'Omaha, directement au Sud de Cherbourg, dans la région du Cotentin : c'est la naissance du secteur de plage Utah, qui sera américain.
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L'embarquement de soldats américains sur les navires de transport Alliés. |
Toutes les forces de débarquement seront désignées comme appartenant au 21ème Corps d'Armée et seront incluses dans la 1ère Armée américaine et la 2ème Armée Britannique. C'est le Général Montgomery qui se porte à sa tête.
Composition de l'Armada
Au total, la flotte se compose de cinq grandes forces, une pour chaque plage. 8 à 16 convois distincts composent à leur tour les cinq principaux. L'ensemble de ces forces représentent plus de 5300 embarcations de tout types additionnées à 4000 embarcations relais entre le rivage et les navires au large. Cette flotte est basée principalement dans cinq ports d'Angleterre.
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Un "Landing Craft Tanks", transportant des blindés et des hommes, se dirige vers le large. |
C'est l'Amiral Kirk qui dirige le secteur américain : Force U (pour Utah) positionnée à Plymouth, et Force O (pour Omaha) positionnée à Portland. Quand au secteur Anglo-franco-canadien, c'est l'Amiral Vian qui les dirige : Force S (pour Sword) positionnée à Portsmouth, Force G (pour Gold) positionnée à Southampton, et la Force J (pour Juno) positionnée à l'île de Wight.
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Sur le pont de ce navire de transport, les soldats Alliés se divertissent pendant la traversée. |
Des forces supplémentaires d'appui (Forces B et L) sont basés près de Falmouth et de Nore et 12 dragueurs de mines doivent ouvrir les chenaux vers la côte française en avant des péniches de débarquement.
Les navires de la flotte Alliée mouillant dans des ports différents ne réalisent pas la même distance les séparant des plages Normandes. Il est alors prévu que les divers convois navals mis en mouvement à des heures différentes en fonction du trajet à parcourir passeront par une large zone de rassemblement nommée "Z" et dite "Picadilly Circus", au Sud des côtes Anglaises, plus précisemment à 30 km au Sud-Est de l'île de Wight, et se dirigeront vers leurs plages respectives par 5 chenaux ouverts au préalable par les dragueurs de mines.
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Une maquette de LCA (pour Landing Craft Assault), un engin utilisé pour le débarquement de 30 soldats environ.
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Pour préparer le terrain aux hommes par un bombardement massif et pour défendre les péniches de débarquement des attaques allemandes, l'Armada Alliée comporte 325 vaisseaux de guerre, dont 101 destroyers. L'appui naval est fourni par 6 cuirassés, 2 monitors, 22 croiseurs et 93 contre-torpilleurs.
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Un LCF chargé de la protection des convois. |
Bien que cette flotte Alliée est essentiellement formée de navires américains et Britanniques, on trouve également des bâtiments Français, Polonais, Norvégiens, Grecs, Danois et Hollandais.
La traversée de la Manche
Alors que les préparatifs du Débarquement se terminent et que déjà de nombreux soldats Alliées sont postés dans des navires Alliés, attendant le départ vers la Normandie, une tempête se forme en Manche, dès le samedi 3 juin 1944.
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Un des convois Britanniques traverse la Manche. |
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Traversée de la Manche (suite)
Eisenhower décide, en raison d'une amélioration du temps prévue par la météo, le dimanche 4 juin à 04h15 : "Overlord aura lieu demain, 5 juin".
Eisenhower fixe la date du Débarquement, le "Jour J", au lundi 5 juin 1944, car les conditions de marées et de pleine Lune sont favorables. En effet, les marins Alliées reçoivent l'ordre de débarquer les fantassins sur les plages par marée basse afin de ne pas envoyer de péniches contre les fortifications de plages du "Mur de l'Atlantique". Les facteurs Lune et marée sont liés, mais ils ne sont que très rarement favorables en même temps.
C'est pourquoi si la date du 5 juin ou du 6 juin doit être annulée, les météorologues militaires pensent qu'un phénomène identique ne se reproduiera qu'en septembre 1944, soit quatre mois plus tard. Les Alliés ne peuvent se permettre un tel retard, certainement favorable aux forces de l'Axe.
Et c'est à l'aube du 4 juin que la flotte d'invasion se met en route. Mais elle est rappelée au bout de quelques heures, le temps étant devenu exécrable. Les hommes doivent attendre encore 24 heures ; quant aux troupes d'assaut, qui étaient déjà dans leurs embarcations depuis 5 jours, ce n'est plus pour elles qu'un petit délai supplémentaire.
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Le 4 juin, l'ordre du retour aux bases est donné par les avions Alliés au moyen de signaux lumineux. |
Pour le Chef Suprême des Armées Alliées, l'heure est tragique : s'il repousse à septembre 1944 le débarquement, qui sait si le secret de toute l'Opération Overlord ne sera pas découvert ? Et qui sait quel sera l'impact militaire si 1500000 soldats américains et 1750000 soldats du Commonwealth, auxquels viennent se rajouter 40000 unités provenant des pays occupés par les forces de l'Axe doivent rester bloqués sur le sol Britannique, sans compter tout le matériel de guerre ?
Mais le Général américain Dwight Eisenhower ne maîtrise pas la météorologie : la tempête l'empêche d'ordonner le départ avec assurance.
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Un bombardier moyen américain B-26 survole l'armada Alliée. |
Pourtant, prenant toute la responsabilité de l'affaire, il décide que le Débarquement de Normandie commencera le surlendemain, le mardi 6 juin 1944 et prononce la célèbre phrase ; "O.k., let's go !" ("O.k., on y va !"). Le lendemain, à l'aube du 5 juin 1944, la flotte d'invasion reprend la direction de la Normandie et cette fois pour de bon.
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Les dragueurs Alliés détruisent en Manche une mine située à proximité du passage des convois. |
La force U (Utah), grosse de 1000 bateaux portant 30000 hommes et 3500 véhicules arrive la première et est, à 2 heures du matin le 6 juin 1944, à 15 km au large de son objectif, la plage de Saint-Martin-de-Vareville. Lors de la traversée, les premiers bâtiments englobent l'immense armada d'un rideau de fumée qui doit la protéger des sous-marins et des vedettes U-Boot allemandes.
Pourtant, les officiers allemands de l'Etat-Major ignorent toujours la présence de cette armada en Manche.
Protection des convois
Pendant la traversée, les ordres donnés aux officiers commandant les navires de guerre sont clairs : ils doivent ouvrir le feu sur tous les avions survolant à basse altitude la flotte, qu'ils soient amis ou ennemis. Les pilotes Alliés étant prévenus, ne pouvant pas descendre en deça d'une certaine altitude.
Pour protéger les différents bâtiments de l'armada Alliée de toute attaque aérienne à basse altitude, la plupart des navires qui possèdent un fort tonnage disposent d'un ballon volant à plusieurs dizaines de mètres de hauteur au-dessus de leur structure. Ce ballon est relié au navire par un cable en acier. Ce n'est pas le ballon qui va empêcher les attaques aériennes mais plutôt le cable d'acier qui risque de couper les ailes des avions volant à basse altitude pour attaquer l'armada.
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Sur cette photographie il est possible de distinguer les ballons captifs visant à protéger les navires Alliés. |
Un large nuage de fumée servant à camoufler l'armada dans une brume artificielle est envoyé à l'avant de la flotte Alliée par des vedettes.
Mais au large du Havre, 4 U-Boot surgissent du nuage de brouillard artificiel et tombent nez-à-nez avec la flotte Alliée et le convoi de la Force S (Sword) : immédiatement, ils envoyent leurs torpillent et effectuent un demi-tour très rapide, puis disparaissent dans le nuage de protection. Un navire de guerre Norvégien, le Svenner, est touché et sombre. Les survivants sont récupérés par les navires environnants. C'est l'incident majeur de la traversée.
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L'USS Thompson, qui doit ouvrir le feu le 6 juin 1944 sur les positions allemandes d'Omaha. |
Les bombardements
Pendant ce temps, 3460 avions bombardiers lourds et 1650 bombardiers légers et moyens Alliés larguent des centaines de tonnes de bombes sur la côte normande, visant les batteries et les fortifications du Mur de l'Atlantique.
A 5 heures 30 du matin, alors que le jour se lèvera 28 minutes plus tard, les 200 bâtiments de guerre Alliés dirigent leurs canons vers leurs objectifs en Normandie, situés entre Barfleur et le Havre, et ouvrent le feu. Le spectacle est terrifiant, le rivage s'embrase et les soldats Alliés qui gagnent les péniches de débarquement arrivent difficilement à respirer : le stress serre leur estomac et les obus des canons, qui survolent à quelques mètres au-dessus des barges les têtes des soldats, créent de tels appels d'air qu'il devient difficile de respirer.
Les barges se dirigent vers les cinq plages de débarquement, pendant que le bombardement naval se poursuit, jusqu'au moment du débarquement. Certaines péniches de débarquement sont équipées de lance-fusées afin de bombarder les positions allemandes jusqu'à l'instant où le premier soldat Allié pose le pied sur la plage de Normandie qu'il vient libérer.
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Ces soldats américains rejoignent la barge qui va les mener au rivage Normand. |